Les obstacles les plus communs au changement

Quand nous avons un problème, nous voulons changer. Alors qu’est-ce qui fait que malgré les efforts consentis parfois considérables, nous n’y arrivons pas forcément ? Je vais vous livrer quelques pensées de Paul Watzlawick, membre de l’école de Palo Alto, qui a beaucoup écrit sur le changement et qui propose également un nouveau paradigme pour l’envisager. 

Il nous parle entre autres de prémisses, qui sont des présuppositions qui légitiment nos raisonnements et nos actes. L’école de Palo Alto, dont Watzlawick faisait partie,  a répertorié un bon nombre de prémisses, voyez si vous pouvez en retrouver certains qui ne vous sont pas inconnus. 

N°1 – Chercher les causes

Cette première prémisse part du principe qu’il faut connaître la cause de son problème pour pouvoir changer. Beaucoup de gens sont donc à la recherche d’explications, de causes et ils investissent beaucoup de temps, d’énergie et d’argent dans cette recherche.
L’école de Palo Alto a mis en évidence que la prise de conscience N’EST PAS une condition préalable au changement. Au contraire, dans de nombreux cas, on a beau connaître la cause, cela n’aide pas particulièrement à modifier son comportement. Comme le souligne Paul Watzlawick : “Il ne s’agit pas pour nous de nier l’importance du passé, mais de mettre en question la supposition traditionnelle selon laquelle il serait impossible de trouver des solutions à un problème sans d’abord en connaître les causes. “

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N°2 – Toujours réessayer

Dans notre société occidentale, avec son héritage culturel, cette deuxième prémisse selon laquelle devant un échec il faut toujours réessayer est largement répandue. Si dans certains contextes ne pas se décourager peut avoir un effet bénéfique, s’entêter à utiliser une tactique qui n’a pas apporté de bénéfices à 5 reprises peut vite devenir une prescription d’échec. Je pense à mes clients, qui, après avoir fait 5 régimes par exemple et qui ont repris le double des kilos qu’ils ont perdus, veulent malgré tout refaire un sixième régime, en pensant que cette fois-ci sera la bonne. En fait non, il est assez prévisible qu’un nouvel échec se produira. Déjà, parce que les régimes ne marchent pas sur le long terme, mais aussi parce que le problème devrait peut-être être envisagé à un autre niveau ou dans un autre cadre pour trouver une réponse plus adéquate. 

Vous connaissez peut-être cette citation attribuée à Einstein : « La folie, c’est de faire toujours la même chose et de s’attendre à un résultat différent » –

N° 3 – La solution demande des sacrifices

Cette troisième prémisse est présente dans notre quotidien de diverses manières : pensez à “il faut souffrir pour être belle” ou “la vie est dure, il faut toujours se battre “ etc etc. Les personnes en consultation risquent ainsi d’attendre de la part du professionnel une intervention musclée, qui leur sera difficile à mettre en place. Et elles ne réussiront pas à comprendre pourquoi parfois elles n’arriveront pas à changer leur alimentation ou leur comportement alimentaire selon les propositions reçues, ou bien pourquoi après une période de changements, elles reviendront à l’étape d’avant.
Devant des propositions différentes, qui seraient plus écologiques ou viables sur le long terme pour elles, elles se sentent perplexes car leur situation ne correspond pas à cette prémisse qu’elles ont adoptée à travers leur culture ou leur éducation. 

N° 4 – Il y a une solution unique

Une des certitudes les plus limitantes est de croire qu’un problème n’a qu’une seule bonne solution. Ce qui implique aussi de penser que ce qui a marché pour une autre personne doit aussi marcher chez nous. Or, rien n’est moins vrai. Au niveau alimentaire, il y a des chemins, des solutions, et la seule véritable question à se poser en tant qu’accompagnant est de chercher à déterminer ce qui serait praticable pour telle personne dans tel contexte. 

Lorsque j’ai étudié la littérature scientifique sur les rémissions , j’ai déjà relaté ce fait : le point commun était le changement alimentaire chez les personnes en rémission, mais cela pouvait inclure des démarches diamétralement opposées. La volonté de changer est bien présente, mais la manière de faire est différente pour chacun. 

Les ouvrages de témoignages de sortie d’un problème explosent sur le marché, et ils peuvent donner des idées sur le comment il faut faire pour s’en sortir. Or, cela peut fonctionner pour une personne et pas forcément pour une autre. Alors au lieu d’envisager LA (soi-disant) solution ou outil miracle, nous pouvons être à la recherche de ce qui peut fonctionner pour cette personne-ci dans son contexte à elle. Et n’oubliez pas, l’outil n’est responsable que de 15 % ans la réussite de l’accompagnement

BONUS – on cumule ces prémisses

Ces quatre prémisses en elles-mêmes sont déjà assez limitantes pour les changements, chacune de leur côté . Mais si on considère qu’elles se cumulent, on peut imaginer les dégâts qu’elles peuvent nous causer dans notre quotidien. Cela en fait un redoutable frein malgré le fait qu’une personne veuille véritablement changer.

Et après ce constat, que faire ?

En tant qu’accompagnant, la première attitude à adopter est d’être conscient de ces prémisses et adopter un mode de pensée différent. Nous devons sortir de la pensée binaire, de la causalité, du mode logico-scientifique comme Bruner le décrit (je vous le présenterai en détail, promis) et adopter le mode narratif et systémique. Ce mode devrait caractériser les sciences humaines et tous les domaines où on travaille avec l’humain, comme par exemple dans l’accompagnement. Ce mode de pensée joue un rôle important dans le fait d’élargir la perception du monde et de favoriser le changement chez le client. En adoptant cette posture dans la relation de l’accompagnement, tout au long des échanges, nous pouvons efficacement produire le changement auquel nos clients aspirent –  à condition de rechercher un autre chemin praticable au lieu d’utiliser la construction de solutions limitantes imaginée par le client. 

Si cette démarche vous intéresse, vous pouvez vous former à cette posture qui favorise les changements durables, soit en participant à une initiation comme la journée Comment valoriser une expérience pour des changements durables, ou bien en vous inscrivant à la formation Les Leviers du changement, où vous apprendrez à clarifier et redéfinir l’énoncé du problème, à explorer les tentatives de solutions, fixer des objectifs communs réalisables avec le client, exploiter ses ressources et utiliser ses résistances. 

Les obstacles les plus communs au changement - Gabriella Tamas

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